Le pèlerinage vers Saint-Jacques-de-Compostelle

Depuis le haut Moyen Âge les pèlerins fréquentent les chemins vers Saint-Jacques-de-Compostelle où l’on fait mémoire de saint Jacques dit le Majeur, l’un des Apôtres les plus proches de Jésus.

L’Espagne et Compostelle : l’Évangile annoncé jusqu’au bout du monde

L’histoire de Saint-Jacques-de-Compostelle est intimement liée au caractère universel du message évangélique et à la dimension missionnaire de la vie des disciples du Christ. Au cours de ses apparitions à ses disciples après sa résurrection, Jésus leur enjoint d’aller « enseigner  toutes les nations » (Matthieu 28, 19) et saint Luc déploie cette mission universelle dans les paroles de Jésus à l’Ascension :

« Vous allez recevoir une force quand le Saint-Esprit viendra sur vous.
Vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre ».
Actes des Apôtres 1, 8.

C’est saint Paul qui illustrera par toute sa vie cette exigence missionnaire. Elle le conduit à travers les routes de l’empire jusqu’à Rome, sa capitale. Déjà dans ses lettres saint Paul fait une première mention de l’Espagne. Il montre à quel point, dès le premier siècle de l’ère chrétienne, la péninsule Ibérique était considérée comme la perspective idéale de l’annonce de l’Évangile dans le monde connu :

« Maintenant je n’ai plus de champ d’action dans les régions où je suis,
et j’ai depuis des années le désir d’aller chez vous
quand je me rendrai en Espagne. »
Romains 15, 23-24.

Il est peu probable que l’apôtre ait pu réaliser son désir d’aller jusque là mais on peut imaginer que l’évangélisation n’aura pas tardé avant d’atteindre ces contrées.

Au IXe siècle, un événement opère un retournement radical. Non contente d’être un lieu jusqu’auquel l’annonce de l’Évangile doit parvenir, l’Espagne dans sa partie la plus occidentale devient une destination vers laquelle il faut se rendre pour entendre la Bonne nouvelle. En l’année 813, un ermite nommé Pélage est conduit par la clarté d’une étoile miraculeuse à l’emplacement de la sépulture de l’apôtre Jacques. Le cimetière romain devient alors le « Campus Stellae », donnant ainsi son nom à Compostelle. Dans le contexte de la conquête musulmane de la péninsule Ibérique, saint Jacques sera le rempart privilégié des fidèles et Saint-Jacques-de-Compostelle devient l’une des plus grandes destinations du pèlerinage chrétien, au même tire que Rome et Jérusalem.

Qui est saint Jacques ?

Deux apôtres parmi les douze portaient le même prénom. Pour les distinguer, la tradition a appelé mineur celui qui devient le premier évêque de Jérusalem. Et Jacques de Zébédée, frère de l’évangéliste Jean, fut appelé Jacques le Majeur en raison notamment de sa proximité avec Jésus. Avec Pierre et Jean, il fait partie du trio auquel le Christ révèle ses secrets les plus intimes. C’est notamment à eux trois qu’il apparaît dans les récits de la Transfiguration (Luc 9, 28-36) et de l’Agonie au Mont-des-Oliviers (Matthieu 26, 37-46).

Jacques meurt en l'an 43, victime de la persécution d'Hérode Agrippa Ier. Aucun élément historique sérieux ne permet de penser que sa dépouille soit arrivée jusqu’aux limites de l’Occident. Pourtant, sa vénération à Compostelle est plus grande que partout ailleurs dans le monde.

Saint-Jacques-de-Compostelle : une spiritualité du chemin

La grande tradition médiévale de Saint-Jacques porte en elle la dimension emblématique du pèlerinage qui est un chemin. Alors que les autres grands sanctuaires du pèlerinage chrétien sont recherchés pour eux-mêmes, Santiago est avant tout le lieu vers où l’on part : on va à Rome ou à Jérusalem, mais on part vers Saint-Jacques-de-Compostelle. Toutes les étapes du chemin sont importantes : elles permettent au pèlerin d’éprouver sa fragilité et l’aide de Dieu sur le chemin de la vie terrestre en marche vers la Cité céleste.

La renaissance de Saint-Jacques

Le pèlerinage vers Compostelle connaît depuis quelques décennies un renouveau remarquable. Celui-ci s’est notamment manifesté par le voyage du pape Jean-Paul II en Espagne en 1982, année jubilaire ou compostellane (on appelle ains toute année où la fête de saint Jacques, le 25 juillet, tombe un dimanche). Dans ses homélies et discours, Jean-Paul II avait montré comment la mémoire de l’Apôtre en ce lieu avait été un facteur d’unité pour l’Europe :

« L’Europe tout entière s’est rencontrée autour de la mémoire de saint Jacques
au cours des siècles mêmes où elle se construisait
comme continent homogène et spirituellement uni »

Jean-Paul II,
Saint-Jacques-de Compostelle, 9 novembre 1982

Chaque année, des centaines de milliers de pèlerins accomplissent tout ou partie du chemin à pied ou en bicyclette et les propositions ne manquent pas pour vivre un défi qui va de la randonnée à l’expérience de groupe en passant par l’exploit sportif. Au bout du chemin, c’est la rencontre marquante avec l’apôtre dans la capitale de la Galice, une magnifique cité médiévale inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO.

Les chemins vers Saint-Jacques-de Compostelle avec Terre Entière

Il y a autant de chemins de saint Jacques qu’il y a de pèlerins. Chacun ouvre une route de pèlerinage de son lieu de départ. Mais la tradition des grandes routes sur le Camino de Santiago manifeste à la fois le succès de ce pèlerinage et sa prise en charge par l’Église qui en a fixé les grandes étapes. L’Espagne constitue bien sûr l’aboutissement des routes et c’est après les Pyrénées que les chemins s’unifient, comme en témoigne cette plaque que trouvera le pèlerin à Puente-la Reina :

«Y desde aquí todos los caminos a Santiago se hacen uno solo »
« À partir d’ici, les chemins vers saint-Jacques ne font plus qu’un »

Pour vivre cette expérience unique, nos pèlerinages vous proposent un temps substantiel de marche quotidienne sur l’antique chemin. Vous atteindrez Santiago après avoir suivi les traces des générations de pèlerins sur une terre enflammée par des générations de mystiques et de saints.