Le problème de l'eau à Jérusalem au temps du roi Ezéchias (3403)

Contexte. Tandis qu’Ézéchias fils du roi Achaz mort en -716, inaugurait une politique réformatrice, l’Assyrien Sennachérib organisait une campagne contre Juda. Pour pallier le siège des Assyriens Ézéchias entreprit aussitôt des travaux de fortification, fit réparer les tours et aménager les réservoirs d’eau.

Plusieurs pays s’organisèrent contre la conquête assyrienne, dont l’Égypte qui cherchait le soutien d’États palestiniens. Le prophète Isaïe s’opposa au jeu des alliances étrangères, qui s’apprêtaient à œuvrer trop indépendamment de Yahvé. Ézéchias accepta néanmoins les propositions égyptiennes, et dans le même temps accepta de payer un lourd tribu (2 R 18, 14-16). Sennachérib encercla cependant Jérusalem mais l’abandonna aussitôt.

Dès la menace de Sennachérib, Ézéchias avait pris la précaution de creuser sous la colline d’Ophel, un tunnel de plus de 500 mètres pour permettre, en cas de guerre, l’approvisionnement de Jérusalem en eau depuis la source de Gihon jusqu’à Siloé (2 R 20, 20).

Besoins. Pour les Jérusalémites comme pour les deux royaumes d’Israël et de Juda, l’approvisionnement en eau était à la fois un souci collectif et individuel, d’une importance considérable dans un pays où la saison sèche dure près de huit mois. On comprend que l’eau ait été le symbole de la vie, pour le paysan comme pour le citadin ; villes et villages étaient construits près d’une source, car c’était une nécessité vitale pour satisfaire les besoins en eau d’une collectivité même restreinte.

Là où la source manquait, les hommes creusaient des puits (Béer en hébreu, d’où Be'er Sheva, puits du serment ) pour atteindre l’eau, certains puits pouvant descendre jusqu’à près de 50 mètres. Le transport de l’eau jusqu’à la maison s’opérait avec des outres en peau de chèvre (Gn 21, 14ss), ou bien avec des cruches. On versait ensuite l’eau dans une jarre pour être stockée.

Mais le problème majeur restait l’alimentation en eau des miqwa’ot (bassins pour le bain rituel, singulier : miqweh). Car en effet la saison sèche s’étend d’avril à novembre dans le pays. Et si chacun est responsable de sa propre citerne, l’approvisionnement en eau d’une ville en cas de siège est l’affaire de tous.

Rituel. À Jérusalem les résidences privées disposaient de bassins à degrés recouverts d’enduit. Ces miqwa’ot domestiques servaient aux rites de purification auxquels la religion juive, depuis le Lévitique, attachait une grande importance.

L’impureté était perçue comme source de contamination et la cause de certaines maladies de peau, nécessitant le confinement. La codification des règles de pureté entraîna la mise au point de méthodes de purification dont l’obligation du contact avec l’eau.

Les règles de pureté entraînèrent dans l’Ancien Orient, dès l’âge de bronze (soit vers le XVe siècle BC), la construction de citernes. Tout comme les citernes creusées dans une roche imperméable, les bassins privés de 2 à 4 m étaient taillés dans le roc. Les marches mesuraient de 25 à 30 cm de hauteur. Ces bains d’immersion rituels, consistant en une brève mais totale immersion du corps nu dans l’eau pure,permettaient au juif observant de se purifier, en accord avec les lois très strictes de sa foi. Le concept de pureté rituelle joua un rôle central dans les traditions religieuses antiques.

Selon la loi juive, l’accès à l’espace sacré n’était autorisé qu’après immersion cultuelle dans un miqweh.

Gérard Leroy