D’où vient Noël ?

Dans l’antiquité romaine c’est le dieu Saturne qu’on célèbre au solstice d’hiver. D’où le nom de Saturnales attribué à ces solennités païennes. Les Saturnales sont arrêtées du 17 au 21 décembre sous César, puis du 17 au 24 décembre à partir de l’empereur Dioclétien (284-305). Rome célèbre encore au IIIe siècle le Sol invictus, « jour de la naissance du soleil invaincu », qui marque à la fois le solstice d’hiver et la nouvelle année qu’inaugure le rallongement des jours. Au cours de ces fêtes, les Romains, portent des colliers de fleurs autour du cou et s’offrent des cadeaux.

La mention la plus ancienne de la fête de la naissance de Jésus au 25 décembre date de l’an 354. Le document qui rapporte l’événement évoque l’Incarnation du Sauveur. L’homélie la plus ancienne qu’on connaisse de la fête de Noël, aurait été prononcée en Afrique en 362 ou 363, selon les spécialistes.

À Rome, au IVe siècle, la commémoration de Noël rassemble les chrétiens le 25 décembre devant la basilique Saint-Pierre, achevée en 322. La fête de la naissance de Jésus est désormais célébrée, sous le nom de Dies Natalis Domini Nostri Jesu Christi. C’est Grégoire de Nazianze qui, en 379, intégra une formulation théologique soulignant la divinité du Fils, contre les Ariens qui l’écartaient.

En ce IVe siècle la liturgie romaine célèbre l’adoration des mages le 6 janvier, date que Constantinople réserve à la célébration du baptême du Christ. La liturgie byzantine rassemble l’adoration des mages et la nativité de Jésus le 25 décembre tout comme sont regroupées le même jour les fêtes de l’Ascension et de la Pentecôte.

Tandis qu’à Jérusalem c’est la fête de l’Épiphanie qui commémore la naissance de Jésus. À Alexandrie, les paléo-chrétiens célèbrent l’Épiphanie regroupant la naissance et le baptême de Jésus. L’introduction de la fête de Noël est attestée plus tard par l’évêque Cyrille d’Alexandrie au début du Ve siècle, alors que l’Épiphanie se concentre sur le baptême de Jésus.

À Antioche, peu après 386, Jean Chrysostome prononce une homélie dans laquelle il défend la tradition occidentale du 25 décembre contre la tradition orientale du 6 janvier, s’appuyant sur une argumentation scripturaire (Ac 5, 34-42 ; Lc 2, 1-7).

Il faut attendre 425 pour que l’empereur Théodose II codifie officiellement les cérémonies de la fête de Noël. En 529, l’empereur Justinien en fait un jour chômé. Le 25 décembre coïncide alors avec le culte romain du sol invictus.

Car si la fête de Noël est effectivement liée à la renaissance du soleil au moment du solstice d’hiver, elle trouve vraisemblablement son fondement dans le culte romain du sol invictus avec la commémoration officielle du dies natalis sol invictus. Ce natalis (de natus, né) extrait de son contexte païen pourrait finalement constituer l’origine du natalis chrétien, par la suite appelé Noël.

Car le mot « Noël » qui n’est attesté qu’au début du XIIe siècle sous la forme Nael, puis sous la forme Noal, advient après maintes transformations du latin natalis, associé au substantif dies, « jour », pour donner la locution natalis dies, « jour de naissance », rapporté à la nativité de Jésus-Christ. De natalis à Noël, la transformation s’est effectuée progressivement par la disparition de voyelles et l’affaiblissement des consonnes. Le tréma sur le « e » ne serait pas antérieur à 1718.

Gérard Leroy