La Macédoine accueille le Pape François

Le pays que va fouler le pape François a traversé une longue et douloureuse histoire, qu’une courte révision suggère.

Le premier nom qui s’attache à l’histoire de la Macédoine, c’est son roi Philippe II, qui invita le jeune Aristote, né dans une région de Macédoine colonisée par les Grecs, pour être précepteur de son fils Alexandre. Aristote s’exécuta, durant trois ans, puis retourna à Athènes en 335 BC, tandis qu’Alexandre le Grand allait écraser les Perses, fonder Alexandrie, partir pour les Indes et mourir, au retour, à Babylone, en 323 BC.

Province romaine au IIe siècle, la Macédoine accueillit le christianisme qui garde aujourd’hui les vestiges de 130 basiliques de cette époque.

Un État slave s’érigea au IXe siècle. Les frères Cyrille et Méthode, de Thessalonique, créèrent le premier alphabet slave et évangélisèrent tout autour. Les Normands dévastèrent la Macédoine qui devint, au XIIIe siècle, une région de l’Empire ottoman, lequel déclina au XVIIIe s. Le terrorisme Turc et Albanais contraignit la population slave à s’exiler. Au XXe siècle, Bulgares, Grecs, Serbes et Albanais se partagèrent la Macédoine, dont la partie serbe se greffa au nouveau Royaume rebaptisé en 1929 « Royaume de Yougoslavie ». Après la deuxième guerre mondiale, la Macédoine devint l'une des six républiques fédérées de la Yougoslavie de Tito.

Aujourd’hui, après un contentieux de près de 30 ans entre Skopje et Athènes, celle qui vient de prendre le nom de « Macédoine du Nord » regroupe 2 millions d’habitants, dont 65% de Macédoniens, 25 % d’Albanais, et le reste de Turcs, de Roms, de Serbes, de Bosniaques. Des tensions subsistent entre les Macédoniens et les Albanais. Le christianisme orthodoxe est majoritaire (65%), devant l’islam (33%), la Macédoine étant quatrième pays musulman d’Europe.

Notre pape François arpentera le sol où naquit Mère Térésa, à Skopje, dans la Macédoine de l’empire ottoman. C’est là que, au cours d’une retraite, Térésa discerna sa vocation, désirant quitter son couvent pour aller servir les pauvres.

On dirait qu’en ce jour étouffant de 1946 toute l’Inde se bouscule dans ce train bondé et cahotant qui relie Darjeeling à Calcutta. On y croise toutes les castes, et beaucoup de parias, exclus de partout. Le voile blanc de la petite religieuse tranche avec les saris colorés. Térésa se retrouve à Calcutta, revêt le sari blanc et bleu qu’on lui connaît, avec une petite croix sur l’épaule. À peine débarquée en Inde, elle a reçu l’avertissement d’un prêtre : « Ici le missionnaire a trois ennemis : le diable, le soleil, et les castes. Pour le diable on a l’aide de Dieu, pour le soleil on a un chapeau. Mais pour les castes… »

On la retrouve près du réservoir d’eau de Calcutta. À qui vient-elle en aide ? Aux plus pauvres, à cet homme qu’on a retrouvé à moitié dévoré par les rats, à ce nourrisson agonisant dans une poubelle. Elle recueille des enfants, les lave, les soigne, éduque leur mère. Une fille la rejoint, puis trois, puis cinq…

Une femme lui demande :

  • « Mais pourquoi fais-tu cela ?
  • Parce que je t’aime et que Dieu t’aime, répond Teresa.
  • Dis-le moi encore, dit la femme, c’est la première fois de ma vie que j’entends ces mots. »

L’ordre des Missionnaires de la charité est créé. On est en 1950.

Gérard Leroy